
Le conseil émane d’une institution de poids : la Banque centrale européenne, qui alerte sur une possible ‘instabilité majeure’ à venir, en s’appuyant sur des événements passés, actuels, et potentiellement futurs. Bien que l’avertissement soit vague, la recommandation de garder de l’argent liquide chez soi reste claire.

Crise de la dette souveraine en Grèce survenue en 2008, pandémie de Covid-19, invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 et coupure générale de courant en Espagne en avril dernier. Des analystes de la BCE, la Banque centrale européenne, ont passé au crible ces quatre évènements avant de rédiger une note “qui va à l’encontre de la tendance internationale”, affirme Le Figaro.

Pourquoi “à l’encontre ?” Car elle préconise de conserver de l’argent liquide chez soi, alors qu’il est peu à peu remplacé par d’autres moyens de paiement dématérialisés. Mais cette note a une motivation autre que technologique. La BCE s’inquiète en réalité d’une possible “instabilité majeure” dans un avenir proche.

Toujours garder entre 70 et 100 euros chez soi
Ces sommes paraissent bien faibles face à la perspective d’une “instabilité majeure.” Mais c’est bien ce que conseille la BCE dans une étude publiée en ligne mercredi intitulée “Keep calm and carry cash”, qu’on peut traduire par “Restez calme et gardez du cash.” En lisant l’étude, on comprend le pourquoi de cette somme. Il s’agit qu’elle soit “suffisante pour couvrir les besoins essentiels pendant environ 72 heures.”
L’organisme régulateur s’est basé pour la déterminer sur ce que demandent déjà d’autres pays européens à leurs citoyens : la Finlande, les Pays- Bas et l’Autriche les incitent à toujours avoir chez soi de 70 à 100 euros par personne (et même dernièrement, la France). L’analyse des quatre évènements l’a conforté.

Le cash : la seule valeur refuge pour le citoyen lambda
“Toutes les crises n’entraînent pas systématiquement une forte demande de cash mais les cas étudiés offrent un test de résistance de la fonction du cash lorsque l’économie, les infrastructures critiques ou la confiance publique sont fortement mises à l’épreuve“ révèle l’étude. Nos confrères citent un premier cas : la pandémie de Covid-19, surtout au début, en 2020. Cette année a connu “une augmentation extraordinaire”, avec des retraits d’argent liquide en zone euro qui avaient “bondi de plus de 140 milliards.” Contre 55 milliards une année normale… Au commencement de la guerre en Ukraine, ce même phénomène s’est reproduit à moindre échelle, mais avec une hausse de 36 % dans les pays voisins.

Quand une défaillance technologique provoque la panique
Plus récemment, en avril dernier, la panne électrique presque générale qui a touché l’Espagne a quasiment mis le pays à l’arrêt. Elle n’a pas duré plus de 24 heures et tout a été assez rapidement rétabli. Mais dès que cela a été possible, les Ibères se sont rués sur les distributeurs automatiques. Comment la BCE interprète ce comportement ? “Le pic observé le lendemain de la panne reflète (aussi) une possible augmentation des réserves de précaution.” Elle a également constaté une “Forte hausse des retraits aux distributeurs dans les zones non touchées.” Comment expliquer cela autrement que par la peur d’un équivalent du “bug de l’an 2000” et donc d’une méfiance qui persiste à l’encontre de la technologie ?
Pour les deux auteurs de l’étude, Francesca Faella et Alejandro Zamora-Pérez, cités par Le Figaro, l’argent liquide “Offre une utilité psychologique et pratique”, par sa “nature tangible, qui procure réconfort et sentiment de contrôle”, et “par sa fonctionnalité hors ligne, qui devient primordiale lors des défaillances des systèmes numériques.” Un “paradoxe”, pour BCE “alors que les paiements tendent à disparaître face aux règlements numériques, via carte bleue ou téléphone” rappellent nos confrères comme nous le faisions en introduction de cet article !